Page:Brisson - Pointes sèches, 1898.djvu/100

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stances. L’empire, en supprimant la liberté de la presse, en lui imposant un contrôle incessant et rigoureux, l’obligeait à devenir plus frivole. Les feuilles, ne pouvant s’occuper des affaires d’État, se rattrapaient sur les affaires mondaines. À côté des journaux dogmatiques, demeurés fidèles à la tradition d’Armand Carrel, se fondèrent de nombreuses gazettes, très vives d’allure, et qui se cantonnèrent sur le terrain de la littérature et des mœurs. De brillants écrivains s’y révélèrent : Auguste Villemot, Arsène Houssaye, Charles Monselet, Eugène Chavette, Edmond About, Francisque Sarcey, Hector Pessard, Jules Claretie, Rochefort… Aurélien Scholl avait sa place marquée dans cette phalange. Après avoir collaboré à d’éphémères organes, tels que la Naïade, journal pour lire au bain, imprimé sur tissu imperméable, et le Satan, qui s’élaborait dans l’officine d’un marchand de vins, il entra au Figaro, il fonda l’Événement et le Nain jaune. Du jour au lendemain, il devint célèbre. Il avait une note à lui, une façon de trousser l’anecdote et de décocher le trait, une verve alerte et mordante qui conquirent le public. Pendant vingt ans, il se dépensa avec une inconcevable prodigalité.

Je me suis amusé à compulser la collection de ces vieux papiers. Tout d’abord, on en est étonné : ces numéros de huit grandes pages ne renferment que des échos, des nouvelles à la main et des causeries légères. Ce bavardage semble futile. Et peu à peu on