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M. PIERRE LOTI


Il y a deux parts dans l’œuvre de M. Pierre Loti. Ses plus fameux ouvrages (à l’exception de Pêcheurs d’Islande) ne sont que des fragments d’autobiographies. Dans Rarahu, dans Aziyadé, dans Madame Chrisanthème, dans Fantôme d’Orient, il a conté ses amours, et c’est à ces épisodes qu’il dut sa première célébrité. Il s’en exhalait un charme incomparable, et auquel la foule ne pouvait être insensible. Pendant dix ans au moins, toutes les Françaises sentimentales furent éprises de M. Pierre Loti. Elles goûtèrent en lui l’homme et l’écrivain ; l’homme qui avait eu d’étranges aventures et qui les confessait avec une fatuité pleine de grâce, l’écrivain qui savait évoquer, avec une puissance extraordinaire, la féerie des climats lointains, et qui, dans ces décors de rêve, plaçait des drames humains et tendres, drames de sang, de larmes et de volupté. Certains lecteurs, moins prompts à s’émouvoir, reprochaient à M. Pierre