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M. HENRY FOUQUIER


M. Henry Fouquier restera comme un parfait exemple de ce que le journalisme comporte de prestiges et de vanités. Nul n’aura mis plus de talent en une œuvre périssable, et versé plus de sagesse en un discours vite oublié. Il vaut mieux assurément que le métier qu’il exerce. Ses qualités de grâce, d’élégance, sa distinction d’esprit, son goût pour les idées générales, son intelligente curiosité pouvaient trouver cent occasions utiles de s’affirmer. La presse a dévoré cet homme supérieur que la nature avait formé pour être un grand homme. Il a reçu tous les dons : des agréments corporels et un charme de visage par où il conquit de bonne heure le cœur des femmes (et l’on assure qu’en dépit de l’âge il n’a pas cessé d’être aimé d’elles) ; une facilité merveilleuse, une souplesse qui se plie à tous les travaux, une sûreté dans la pensée et le style qui donne à sa plus rapide improvisation comme un air d’avoir été long-