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M. GEORGES OHNET


Le cas de M. Georges Ohnet est un des plus singuliers qui soient. C’est un exemple des ravages que peut causer la critique quand elle s’exerce avec unanimité dans un même sens. On peut dire que M. Ohnet a eu contre lui, pendant quinze ans, tous les écrivains qui ont mission de juger les productions de l’esprit. Et s’il n’y avait eu que ceux-là ! Les chroniqueurs, les échotiers, les reporters, les tirailleurs du petit journalisme vinrent à la rescousse. Une sorte de consigne s’établit sans que l’on sût précisément de qui elle émanait. Elle n’émanait de personne. Ce courant de dénigrement s’institua de lui-même, comme se forment d’autre part certains courants d’enthousiasme. Il fut convenu, du haut en bas de la presse, que l’auteur du Maître de Forges devait être vilipendé. Et une guerre commença, féroce, excessive. Chacun emboîta le pas à M. Jules Lemaître, qui, en composant son cruel article, avait