Page:Brisson - Pointes sèches, 1898.djvu/88

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ALPHONSE DAUDET


Bien souvent, à Champrosay, tandis que nous nous reposions sous les arbres de son jardin, et, à Paris, dans un coin de ce salon qui fut si largement cordial et hospitalier, Alphonse Daudet m’a conté sa vie. Il se plaisait à animer les choses passées ; il les évoquait avec une vivacité incomparable et un charme de mimique et d’expression auquel on ne pouvait résister. Ce n’est pas en quelques pages que l’on peut juger le grand écrivain. Je voudrais, du moins, dessiner sa physionomie et marquer les changements qui y sont intervenus, durant trente années d’une fécondité incessante. J’userai, pour ce travail, des confidences que j’ai reçues ; et j’essayerai de traduire l’opinion qu’Alphonse Daudet avait de son œuvre et qu’il exprimait très librement.

Tout d’abord, Daudet est une cigale et n’est guère que cela. Il est né dans la campagne poudreuse de Nîmes ; sa famille est d’extraction assez humble,