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PHILOSOPHIE ANCIENNE

thèse) ; enfin, que les autres choses reçoivent aussi tous les contraires et qu’on en peut tout affirmer (septième hypothèse). D’autre part, si l’un ne participe pas à l’être, on ne peut lui attribuer aucune qualité (première hypothèse) ; les autres choses sont dans le même cas et on n’en peut rien dire (quatrième hypothèse) ; enfin, si l’un n’est pas et ne participe pas à l’être, on ne peut plus rien affirmer, ni de lui (sixième hypothèse), ni des autres choses (huitième hypothèse). En d’autres termes, si l’un participe à l’être, en existant ou en n’existant pas, on peut tout dire de lui et des autres choses ; s’il ne participe pas à l’être, en existant ou en n’existant pas, on ne peut rien dire ni de lui ni des autres choses. Dans le premier cas tout est vrai, dans le second rien n’est vrai : deux conséquences également absurdes. Par conséquent, la participation est impossible et par suite la théorie des Idées disparaît tout entière ; car à quoi servent les Idées si on ne peut rien dire ou si on peut tout dire d’elles et des autres choses ?

Examinons maintenant, de ce nouveau point de vue, la marche de la démonstration. Supposons d’abord que l’un est et qu’il participe à l’être (deuxième hypothèse. — 142, B ; 157, B). Platon démontre, par des arguments dont il est inutile de reproduire ici tout le détail, que l’un, parce qu’il participe à l’être, a des parties et est un tout, il est déterminé, il est semblable et dissemblable, en mouvement et en repos ; il est, il devient, il est devenu, il deviendra plus jeune et plus vieux que lui-même et que les autres choses, qui sont elles-mêmes plus jeunes et plus vieilles que lui. En un mot, s’il est, en ce sens qu’il participe à l’être, il reçoit tous les contraires ; on en peut tout affirmer.

Dans la troisième hypothèse (137, B ; 159, B) : si l’un est, qu’en résulte-t-il pour les autres choses ? — les autres choses participent en quelque manière de l’unité, car elles ne sont autres que l’un que parce qu’elles ont des parties, et ayant des parties elles ont un tout. Platon insiste sur la différence qui sépare l’unité absolue dont il a été d’abord question, de l’unité relative qui est celle d’un tout et implique la participation à l’unité. De ce commerce du multiple avec l’un il résulte que le multiple est à la fois infini et fini, semblable