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PHILOSOPHIE ANCIENNE

le remarquer, sont distincts les uns des autres, irréductibles entre eux, quoiqu’il y ait entre eux rapports nécessaires et que l’un appelle l’autre ; le lien qui les unit est un lien synthétique ; ils ne sont pas déduits d’un principe unique comme des conséquences implicitement conçues dans un même principe par un raisonnement de nature syllogistique fondé sur le principe d’identité. C’est plutôt contre les applications abusives de ce principe qu’est dirigée toute la polémique platonicienne ; c’est en réalité l’idée de relation ou de relativité que Platon introduit dans les plus hautes spéculations et qu’il substitue à l’absolu tel que l’avait conçu l’éléatisme. Quels que soient les emprunts qu’Aristote, en fondant la logique, a pu faire à son maître, c’est d’un esprit tout autre que s’inspire la méthode platonicienne : elle diffère profondément de la logique, telle surtout qu’on l’a conçu et défini après Aristote ; le seul nom qui lui convienne est celui-là même qu’elle s’est donnée : le nom de dialectique. Il ne faut pas que les nombreuses objections tant de fois dirigées par Aristote et d’autres philosophes contre la méthode platonicienne nous en fassent méconnaître l’originalité et la hardiesse.