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CHAPITRE X


Nous étions en pleine exposition, Paris était très animé, il y avait beaucoup d’étrangers, la misère augmentait de jour en jour, peu de travail.

La ville était bouleversée de fond en comble par Hausmann, le grand démolisseur, la vie était misérable, les affaires allaient aussi mal que possible ; les loyers augmentaient considérablement, et frappaient cruellement la classe ouvrière et la classe moyenne.

Dans les premiers jours de septembre, je reçus une lettre de mon père, dans laquelle il m’annonçait qu’il viendrait nous surprendre sous peu de jours, mais qu’il viendrait incognito, ne voulant pas faire sa soumission à l’empereur, il voulut laisser ignorer qu’il eût passé la frontière.

Peu de jours après nous reçûmes un télégramme pour nous rendre à la gare à sa rencontre ; avec un de mes cousins, nous allâmes le chercher ; il nous était difficile de le reconnaître, il y avait 15 ans que je n’avais vu mon père. J’étais une petite fille, lorsqu’il avait été obligé de nous quitter, maintenant j’ai 25 ans je suis épouse et mère. Ce ne fut pas sans difficulté que nous nous sommes rencontrés.

Mon cousin se mit en embuscade du côté gauche de l’arrivée (au chemin de fer du Nord), moi du côté