Page:Brocher - Souvenirs d’une morte vivante, 1909.pdf/112

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
88
TROISIÈME PARTIE

pour la défense de ses droits ; il reçut une balle en pleine poitrine, (toutes ces choses étaient oubliées.) Tenot, qui avait écrit ces lignes, fut condamné pour avoir conté la mort de Bidauré.

Le réveil se fit en faveur du droit, dans les esprits, comme mus par un sentiment de justice et de protestation ; la plupart des personnalités du parti démocratique, s’étaient trouvées réunies le 1er novembre 1868, au cimetière de Montmartre, des couronnes d’immortelles à la main ; je me suis frayée un passage à travers la foule ; comme je connaissais la place où était Alphonse Baudin, j’ai pu parvenir auprès de sa tombe, laquelle semblait assez abandonnée, sur une grande pierre d’un gris noirci par le temps il y avait une inscription : Alphonse Baudin, représentant du peuple, mort le 4 décembre 1851.

Cette manifestation qui n’avait rien de politique, amena un grand nombre d’arrestations.

Depuis le boulevard Montmartre, toutes les rues aboutissantes au cimetière étaient envahies par la foule immense, et cernées par la police qui surgissait de partout, personne ne pouvait avancer, ni reculer. Dès que la manifestation fut terminée, j’ai voulu revenir chez moi, je ne pouvais y parvenir, de grands bruits passaient de bouche en bouche, tout le monde était effrayé. Dans ces sortes de foule, il y a plus de curieux encore que d’intéressés, ceux-là ne sont pas les moins épouvantés

Dans le cimetière, il y eut pas mal d’arrestations. MM. Peyra, rédacteur en chef de l’Avenir National,