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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

La colonne parcourait les boulevards extérieurs jusqu’à Belleville, criant : vive la République !

La plupart des citoyens furent arrêtés.

Comme nous étions sous le régime de l’état de siège, ils furent condamnés par le conseil de guerre, qui prononça quatre condamnations à mort (l’empire n’eut pas le temps de faire ces exécutions).

La peur de la révolution effrayait plus les Tuileries, que la guerre avec la Prusse ne le faisait. On expédia à Beauvais presque tous les détenus politiques de sainte Pélagie, en vagons cellulaires.

Pour parer la révolution, Mac-Mahon obéit et découvre la France.

Le 30 août au matin, l’armée était écrasée à Beaumont, pendant la nuit Mac-Mahon la conduit dans le creux de Sedan.

Le 31 août on sentait que quelque chose de terrible se passait. Le travail était absolument abandonné. Nous passions notre temps en quête de nouvelles, l’esprit de la population était hanté du désir bien naturel d’aller aux portes des mairies pour lire les dépêches, il y avait toujours une foule énorme qui stationnait. Les plus près se trouvant les plus favorisés lisaient les dépêches à haute voix, il était si difficile d’être au premier rang, il fallait se faufiler, ce que je fis plus d’une fois, ce jour-là, tout le monde était anxieux, tant de fois déjà nous avions été déçus.

Le peuple français est par nature très enthousiaste, il prend facilement ses rêves pour des réalités. Lorsque les dépêches étaient favorables, tout le monde était