Page:Brocher - Souvenirs d’une morte vivante, 1909.pdf/132

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
108
TROISIÈME PARTIE

agents de police, comme toujours très arrogants ne cessaient de dire leur éternel. Circulez ! circulez ! d’une façon brutale, et d’un ton menaçant.

La journée était splendide ; les gardes de Paris étaient dans une attitude très calme, l’arme à la main, cependant ils semblaient anxieux, ils ne savaient trop, eux-mêmes, ce qui allait se passer.

Un bruit confus se répandait dans la foule, cette foule immense et sans arme, stationnant sur la place de la Concorde, sur les ponts, sur les quais, dans l’attente d’un grand et grave évènement.

Une compagnie de gardes nationaux criaient : La déchéance ! en faisant signe à d’autres gardes nationaux placés près du pont, de venir les rejoindre, ceux-ci hésitent, puis se mettent en marche. Les gardes municipaux, postés à l’entrée du pont et sur les quais, tirent aussitôt leurs sabres, pour empêcher le peuple d’avancer. L’émotion était à son comble, mon cœur battait à se rompre. Que va-t-il se passer, me disais-je, un massacre, sans doute, quelle horrible catastrophe se prépare ? Le sixième et le huitième bataillon de la Garde Nationale avançaient, malgré les sabres nus, prêts à tout. La foule immense se presse derrière la Garde Nationale, résolue et impatiente. Rien ne peut résister à ce flot humain. À la tête les gardes nationaux, les entraînaient et leur montraient l’exemple, étaient M. Edmond Adam, homme très connu et très estimé.

Les gardes municipaux n’osent frapper ; d’un élan la foule se précipite, se trouve sur la place, aux pieds des