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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

général et son état-major à la préfecture. M. Peirera préfet depuis le 4 septembre, (républicain convaincu, homme très estimé) était retenu prisonnier dans une des salles, le prince le traita avec la dernière rigueur, il exigea de lui les renseignements nécessaires à la gestion de la ville, et comme cet employé s’obstinait dans son mutisme, le prince le menaçait de son revolver. M. Peirera fut stoïque, mais il tomba malade, on lui refusa l’assistance de sa famille et il ne fut libéré qu’après l’évacuation de la ville par l’armée prussienne.

Peu de temps après ces évènements, M. Peirera mourut ; la population entière lui a fait des funérailles magnifiques.

Je me présentai donc au bureau de la préfecture pour faire viser mon laissez-passer, puis nous fîmes nos adieux à nos amis et nous quittâmes Orléans. Les voies étaient rétablies et nous pûmes revenir en meilleures conditions, et à l’heure réglementaire nous entrions en gare de Paris.

Lorsque nous arrivâmes à la maison il y eut une grande joie, notre cher fils tendait ses petits bras vers nous, son papa était heureux de le retrouver sain et sauf. Ma mère partageait notre joie et nous la remerciâmes de m’avoir aidée dans ma tâche, sans elle je n’aurais pu prendre une part active dans la guerre.

Naturellement, tout était à la dérive à Paris ; pas de travail, la misère devenait de plus en plus cruelle et meurtrière.

Je continuai mon service comme par le passé.

Notre compagnie était assez souvent de service à la