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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

Je suivais mes amis, je leur donnais mes soins.

En marche tous étaient joyeux ; nous arrivâmes au Champ de Mars, on nous installa dans les baraquements où nous devions recevoir tout ce qui nous était nécessaire. Cette journée du 26 fut longue, quoique le temps fut magnifique, on ne voulait pas rester dans l’inaction ; d’heures en heures nous attendions ce qu’on nous avait promis, enfin dans la soirée nous vîmes apparaître des fourgons qui nous apportaient les choses promises, on nous en fit la distribution ; (il y avait une telle confusion à l’Hôtel de Ville qu’il était difficile d’obtenir en bloc les choses nécessaires.) Les chassepots manquaient encore, nos hommes étaient furieux, ils ne voulaient pas marcher au combat, avec des fusils à tabatière, ils savaient par expérience ce qu’ils valaient, ces fusils, plusieurs des nôtres avaient été blessés. C’étaient des fusils de rebut, rouillés, fonctionnant mal.

Enfin dans l’après-midi, nous reçûmes une certaine quantité de chassepots, mais pas assez pour tout le monde. Le 27 à 3 heures du matin, nous reçûmes l’ordre de nous diriger sur Issy, où nous devions prendre nos positions.

Nous quittâmes le Champ de Mars avec plaisir, tous étaient joyeux et entonnèrent le Chant du départ pour soutenir la marche. Ils étaient heureux, espérant faire payer aux Versaillais de tout acabit les souffrances du siège de Paris et de toutes les hontes de la défaite.

En arrivant près de la porte, dite de Versailles, on