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CHAPITRE XXIV


Nous restâmes quelques jours au repos, puis le 10 ou le 12 mai le commandant Martin et la compagnie reçurent l’ordre d’aller occuper la Muette ; lorsque nous arrivâmes au Château, les religieuses et les pensionnaires étaient partis. Il y avait un désordre horrible dans la cour ; j’ignore dans quel état était l’intérieur, car je n’y suis pas entrée.

Nous restâmes deux heures seulement au château de la Muette. Nous fûmes remplacés par le colonel Lisbonne et ses lascars.

Nous reçûmes l’ordre d’aller occuper Passy. On installa l’état-major à l’école communale, et nos hommes dans les maisons environnantes, j’ai toujours suivi l’état-major. Nous pensions rester là jusqu’à notre triomphe ou notre perte ; pour cette raison, mon mari vint nous rejoindre et se fixer à Passy avec ses employés. Il boitait encore, mais il pouvait s’occuper du service de la victuaille, moi j’allais aux remparts avec les amis, chaque jour nous avions des morts et des blessés à relever, nous avions notre ambulance dans la rue de l’Eglise, je crois, car il peut se faire que je me trompe ou que le nom de la rue soit changé depuis ce temps-là. Notre service pour les blessés aux tranchées était un peu défectueux, à