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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

Lorsque quatre hommes entrèrent bruyamment dans la cour, un sergent, un caporal et deux lignards ; ils se mirent à discuter avec un pauvre vieux âgé de 84 ans, marchant à peine. C’était le propriétaire de ces baraques, le sergent dit au pauvret :

— Canaille, vous avez donné asile à des fuyards votre compte est bon !

— Mais je n’ai donné asile à personne, dit-il, s’il y a des communards ici, je n’en sais rien, ils ne m’ont rien demandé, ils ont envahi. Je suis vieux, à moitié paralysé ; que voulez-vous que je puisse faire ?

Ils insultent le pauvre homme d’une façon indigne. Je veux m’élancer au dehors pour le défendre, dire la vérité ; mes amis me disent qu’il ne faut pas le faire, qu’il nous est impossible d’intervenir, que nous ne pourrions pas le sauver.

— Allons prépare-toi à mourir, espèce de crapule

Le pauvre vieux pleurant les supplia.

— Mais vous voyez bien que je me suis pas battu, comment aurais-je pu me battre ?

Ils n’eurent aucune pitié.

— Eh bien ! dit le malheureux vieillard, j’ai une grâce à vous demander avant de mourir. Je veux aller p… le long de mon mur pour la dernière fois. (Textuel)

— Vieille charogne, c’est pour t’évader que tu dis cela, nous la connaissons, tu sais.

Trouvant que le pauvre vieux ne marche pas assez vite, il le fait filer devant et lui donne un coup de pied au derrière ; le malheureux chancelle et tombe, il est relevé brutalement, collé au mur et fusillé.