Les bonnes grand’mères elles-mêmes et les enfants répétaient en chœur ce refrain.
Notre train continua sa route. Lorsque nous arrivâmes à Petit-Croix, dernière station avant la frontière, j’eus une émotion. On ouvrit les portières et des soldats allemands accompagnés d’un gendarme français, vinrent demander aux voyageurs leurs papiers ; je donnai la patente que m’avait confiée Mme Vaillant.
Le gendarme parcourut le papier et me dit : « Êtes-vous bien Madame Vaillant. »
— Oui.
— Bien, passez.
Ce fut tout. Cependant je n’étais pas encore complètement rassurée. Après la visite des papiers nous continuâmes notre route jusqu’à Mulhouse et de là à Bâle où tous les voyageurs descendirent. Je fus fort déçue, j’avais espéré continuer ma route jusqu’à Genève où j’étais attendue. Mais en Suisse, les trains ne voyageaient pas la nuit en ce temps-là. Je fus obligée de coucher à l’hôtel.
Enfin, j’étais sur la terre d’exil !
Voici comment la France d’alors récompensa ses défenseurs.