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SECONDE PARTIE

des représentants du peuple contre une arrestation possible ? même réponse.

Pendant ce temps, le général Grand qui commandait à Orléans, arrive devant l’Hôtel de Ville avec une partie des troupes de la garnison. Il prend ses dispositions pour disperser la foule. La troupe charge ses armes en présence du peuple, on fait les sommations. Ordre est donné d’arrêter les représentants du peuple et un certain nombre de citoyens qui les accompagnent. La troupe pénètre dans la mairie et arrête MM. Martin, Michot, représentants du peuple, Perière, avocat, Desjardin, Viou. Ils furent conduits à la maison d’arrêt sous l’escorte de troupes nombreuses, sans la moindre résistance de la part du peuple[1]. Après ce haut fait, la population Orléanaise vint en curieuse voir ce qui se passait, un grand nombre passa par la porte de la mairie, pour cela il fallait entrer dans la cour, laquelle est entourée de grilles. On ferma la porte de la grille. La plupart des gens présents furent arrêtés, sauf quelques-uns qui s’échappèrent par hasard au moment où il y avait une effroyable panique ; mon père avait été rejeté par un ressac en dehors de la grille. Grâce à cette circonstance, il ne fut pas fait prisonnier, mais il ne revint pas à la maison, en ce moment, du moins.

À Orléans il n’y a pas eu de sang versé, mais des infamies sans nombre furent commises.

Toute la soirée nous étions tristes et anxieuses, l’attente est cruelle en de pareils instants. Minuit

  1. Voir Moniteur du Loiret 5 et 6 décembre (page 185).