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CHAPITRE VIII


On m’a mariée à Orléans le 13 mai 1861 ; mon mari sortait de la Garde Impériale, il avait fait les campagnes de Crimée et d’Italie.

En 1862, des circonstances imprévues nous obligèrent de quitter Orléans. Nous allâmes nous fixer à Paris. Cette ville me parut bien plus intéressante au point de vue social que la ville d’Orléans, on y était au courant de tous les événements littéraires, politiques et économiques.

Dans cette ville composée de luxe et de misère, on peut faire des remarques au jour le jour, au petit bonheur du chemin à parcourir dans la journée.

Dans cette première année, j’ai fait bien des expériences, j’ai coudoyé bien des misères. J’ai vu des pauvres femmes travaillant 12 et 14 heures par jour pour un salaire dérisoire, ayant vieux parents et enfants qu’elles étaient obligées de délaisser, s’enfermer de longues heures dans des ateliers malsains, où ni l’air, ni la lumière, ni le soleil ne pénétrent jamais, car ils sont éclairés au gaz, dans des fabriques où elles sont entassées par troupeaux, pour gagner la modique somme de 2 francs par jour et moins encore, dimanches et fêtes ne gagnant rien.