Page:Broglie - Souvenirs, 1830-1832.djvu/26

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l’huile, dans l’espérance odieuse ou frivole de pousser au pire, de faire, un jour, de l’ordre avec le désordre actuel, selon l’expression d’un homme qui s’y connaissait, aurait très mal passé son temps.

Ce qu’on fit alors, ou plutôt ce qui se fit alors de soi-même, au pas de course, non sans regrets pour quelques-uns, et j’étais de ce nombre, mais sans contradiction de personne, la déposition d’un prince qui ne pouvait rentrer dans Paris, la préférence accordée à la monarchie sur la République, l’appel au trône du plus proche héritier, la réforme de la Charte dans la mesure exacte du besoin, tout cela fut œuvre de sagesse instinctive, spontanée ; je n’y fus pour rien, ni personne en vérité plus que tout le monde ; mais, comme je ne rencontre dans l’histoire aucun gouvernement dont l’origine soit aussi juste et aussi pure, aussi exempte de fraude et de violence, aussi préservée de réaction et d’exaction, où la raison et la modération aient aussi dignement couronné la plus légitime des résistances, je ne puis regretter, et, au nom de mon pays et de l’humanité, je me félicite, malgré les événements de 1848 et de 1852, d’en avoir été le témoin.