Page:Brongniart - Plans du Palais de la Bourse de Paris et du cimetière Mont-Louis.djvu/11

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un dessin, et qui exigent dans l’artiste une réunion de qualités qui semblent presque incompatibles.

Pour qu’un monument fasse sur les sens l’impression qu’il est destiné à produire, il faut que l’artiste soit doué d’une imagination vive et de la faculté d’agir sur l’âme du spectateur par une heureuse accumulation de masses monotones et muettes, comme le poète, le peintre et le musicien le font avec des expressions, des couleurs et des sons heureusement choisis et combinés.

Le calcul de la solidité d’un bâtiment et des moyens d’arriver au but proposé, sans augmenter inutilement des dépenses déjà considérables, exige un esprit méditatif, un jugement sain et froid, et des connoissances techniques, qu’une étude réfléchie de choses très-abstraites peut seule donner.

Enfin, les convenances de distribution intérieure, qui s’étendent depuis le palais jusqu’à la plus simple habitation, convenances qui ne sont point à dédaigner, puisque de leur considération résulte l’utilité complète ou incomplète du bâtiment que l’on élève, et la jouissance de tous les moments pour celui qui l’habite, demandent une aptitude particulière aux détails les plus minutieux.

Pour qu’un édifice quelconque soit parfait, il faut que son auteur y ait réuni les qualités qui supposent dans le même homme un esprit d’ordre et de détails, joint à l’imagination la plus variée et au jugement le plus sain : or, les dessins les plus détaillés ne peuvent faire apprécier aucun édifice sous ces trois points de vue ; l’ouvrage lui-même peut seul être soumis au jugement du public.

Mais l’architecte n’est pas, comme tout autre artiste, le maître d’exécuter, quand il le veut, le plan qu’il a conçu ; on sent combien il rencontre d’entraves dans les considérations du terrein, des convenances particulières de celui pour qui est le bâtiment, de la dépense, etc. ; et quand il est parvenu, malgré ces entraves, à exécuter son plan, au moins dans ce qu’il a d’important, le temps considérable qu’exige la construction des grands monuments, les seuls dans lesquels un architecte puisse développer tous ses moyens, ne lui permet pas toujours de les terminer, et d’exposer sa pensée entière et sans aucune altération : l’architecture est donc dans une condition tout-à-fait différente de celle des autres arts, par rapport aux moyens de publication.

Cependant, lorsqu’il s’agit d’assurer à un artiste la part de gloire qui peut lui être due, et qu’il regardoit comme la récompense la plus précieuse de ses travaux ; quand cet artiste est une personne qui nous est