Page:Brongniart - Plans du Palais de la Bourse de Paris et du cimetière Mont-Louis.djvu/24

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struction, sont donc les avantages qu’un architecte doit obtenir d’une éducation littéraire ; tels sont ceux que M. Brongniart a su tirer de la sienne. C’est à ce concours de circonstances favorables que nous croyons pouvoir attribuer la sagesse qu’on remarque dans toutes ses productions.

La partie de l’éducation de M. Brongniart qui l’a fait pénétrer un instant dans le domaine des sciences, lui a donné sur la branche de l’architecture, qui a pour objet la salubrité, la solidité, le bon choix des matériaux et leur emploi convenable, des idées plus précises, plus justes, et des connoissances plus étendues que ne les auroit eues un artiste privé de cet avantage ; elle lui a suggéré, dans beaucoup de cas, des ressources qu’il n’auroit su ni trouver ni apprécier, sans les connoissances qu’il avoit puisées dans l’étude des premiers principes des sciences physiques. Parmi plusieurs exemples que nous pourrions citer, mais que nous ne rapporterons pas, dans la crainte de lui attribuer des procédés qui ne lui sont pas particuliers, nous en choisirons un seul, parce que nous le croyons relatif à un moyen peu usité.

Instruit par l’observation, et concevant par la théorie ; que le contact de l’air étoit nécessaire à la formation du salpêtre sur les pierres, et que leur porosité en facilitoit considérablement la production, il étoit parvenu à détruire ce fléau des rez-de-chaussée ; au moins dans plusieurs cas, en employant ou des marbres ou des pierres calcaires très-compactes, enduites et même pénétrées au moyen de la chaleur d’une peinture à l’huile très-solide.

M. Brongniart donnoit encore, dans l’usage qu’il faisoit de cette classe de connoissance, une preuve de la justesse d’esprit qui le caractérisoit. Il avoit su éviter la faute que font presque toutes les personnes qui ont une légère teinture des sciences, en voulant appliquer perpétuellement le peu qu’elles savent, et prétendant tout expliquer au moyen des principes et des théories qu’elles se sont faits. Nous dirons qu’en fait de science, M. Brongniart étoit ou tout-à-fait ignorant, ou exactement instruit. Nous ne lui avons jamais vu appliquer à faux les principes, les faits et les noms qu’il avoit retenus : ou bien il ne donnoit aucune explication des phénomènes qui se présentaient à lui, ou bien il les donnoit justes. Il en avoit assez appris pour se taire à propos, et pour rejeter toutes les fausses théories, qui éloignent bien plus du but qu’une ignorance complète.

Tel a été pour M. Brongniart et pour l’exercice de son art, le résultat de l’heureuse réunion d’un jugement sain et d’un esprit meublé de connoissances littéraires et physiques. Si l’on ajoute qu’il joignoit à ces