Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/287

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je tâchai de saisir ses impressions sur son visage. Il examina les sculptures et les fenêtres basses, les groseilliers épars et les sapins tout penchés, avec une gravité attentive, puis secoua la tête : ses sentiments intimes désapprouvaient complètement l’extérieur de sa nouvelle demeure. Mais il eut le bon sens de différer ses plaintes : il pouvait y avoir une compensation à l’intérieur. Avant qu’il mît pied à terre, j’allai ouvrir la porte. Il était six heures et demie. Le déjeuner venait de prendre fin, la servante débarrassait et essuyait la table ; Joseph se tenait debout près de la chaise de son maître et lui racontait quelque histoire à propos d’un cheval boiteux ; Hareton se préparait à aller aux foins.

— Hé ! Nelly ! dit Mr Heathcliff en m’apercevant. Je craignais d’être obligé de venir chercher mon bien moi-même. Vous me l’avez amené, n’est-ce pas ? Voyons ce que nous pourrons en faire.

Il se leva et se dirigea vers la porte ; Hareton et Joseph suivaient, pleins de curiosité. Le pauvre Linton jeta un regard effrayé sur ces trois visages.

— Sûrement, dit Joseph après une grave inspection, qu’il a fait un troc avec vous, maître, et qu’c’est sa fille que v’là !

Heathcliff, ayant fixé sur son fils un regard qui le couvrit de confusion, laissa échapper un rire méprisant.

— Dieu ! quelle beauté ! quelle ravissante, quelle charmante créature, s’écria-t-il. On a dû le nourrir d’escargots et de petit lait, hein, Nelly ? Oh ! le diable m’emporte ! Mais c’est encore pis que ce que j’attendais… et le diable sait que je n’espérais pourtant pas grand’chose.

Je dis à l’enfant, tremblant et tout déconcerté, de descendre de cheval et d’entrer. Il ne comprenait qu’