Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/295

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— Cela doit être assez loin, répondis-je ; ils ne font pas leurs couvées sur le bord de la lande.

— Non, ce n’est pas loin. J’ai été tout auprès avec papa.

Je mis mon chapeau et sortis sans m’inquiéter davantage. Elle bondissait en avant, revenait près de moi et repartait comme un jeune lévrier. Au début, je pris grand plaisir à écouter les alouettes qui chantaient de tous côtés, à jouir de la douce chaleur du soleil, et à la regarder, elle, ma petite enfant gâtée, avec ses boucles blondes qui flottaient sur ses épaules, ses joues brillantes qui s’épanouissaient aussi fraîches et pures que des roses sauvages et ses yeux rayonnant d’une joie sans nuage. Elle était heureuse comme un ange, dans ce temps-là. Quel dommage qu’elle n’ait pu se contenter de son sort !

— Eh bien ! dis-je, où sont vos oiseaux, Miss Cathy ? Nous devrions les avoir trouvés ; la haie du parc de la Grange est à une grande distance derrière nous, maintenant.

— Oh ! un peu plus loin… seulement un peu plus loin, Hélène ! me répondait-elle continuellement. Gravissez ce tertre, franchissez ce talus et avant que vous soyez arrivée de l’autre côté, j’aurai fait lever les oiseaux.

Mais il y avait tant de tertres à gravir et de talus à franchir que je finis par me sentir fatiguée et lui dis qu’il fallait nous arrêter et revenir sur nos pas. Je dus crier, car elle m’avait devancée de beaucoup. Elle ne m’entendit pas ou ne m’écouta pas ; elle continua de courir en avant et je fus forcée de la suivre. Enfin elle disparut dans un creux. Quand je parvins à la revoir, elle était à deux milles plus près des Hauts de Hurle-Vent que de la Grange. J’aperçus deux personnes,