Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/332

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tout effrayée, s’agenouilla, pleura, caressa, supplia, tant et si bien qu’il finit par se calmer, faute de souffle : mais pas du tout par remords de la désolation où il la plongeait.

— Je vais le mettre sur le banc, dis-je, et il se roulera comme il voudra : nous ne pouvons pas rester ici à le veiller. Je pense que vous êtes convaincue, Miss Cathy, que vous n’êtes pas la personne dont la présence peut le soulager et que son état de santé ne tient pas à son attachement pour vous. Là, le voilà installé ! Venez. Dès qu’il verra qu’il n’y a plus personne pour s’occuper de ses sottises, il sera trop heureux de rester tranquille.

Elle plaça un coussin sous sa tête et lui offrit un peu d’eau qu’il repoussa. Puis il se tourna et se retourna péniblement sur le coussin, comme si c’eût été une pierre ou une pièce de bois. Elle essaya de le disposer plus commodément.

— Cela ne peut pas aller, dit-il ; ce n’est pas assez haut.

Catherine en apporta un autre pour mettre par-dessus.

— C’est trop haut, murmura cet être exaspérant.

— Comment faut-il que je l’arrange, alors ? demanda-t-elle d’un air désespéré.

Elle était à demi agenouillée près du banc ; il se cramponna à elle et fit de son épaule un oreiller.

— Non, pas comme cela, dis-je. Vous vous contenterez du coussin, Master Heathcliff. Miss a déjà perdu trop de temps avec vous ; nous ne pouvons pas rester cinq minutes de plus.

— Si, si, nous le pouvons ! répliqua Catherine. Il est sage et patient, maintenant. Il commence à comprendre que j’aurai bien plus de chagrin que lui cette nuit, si j’ai lieu de croire que ma visite a aggravé son état ;