Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/403

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le bonsoir à Joseph et à moi ; elle s’est enfermée dans la chambre de Linton et y est restée jusqu’au matin. Puis, pendant que le maître et Earnshaw étaient à déjeuner, elle est entrée dans la salle et a demandé, toute tremblante, si l’on ne pourrait pas envoyer chercher le docteur ; son cousin était très malade.

— Nous connaissons cela, a répondu Heathcliff ; mais sa vie ne vaut pas un liard et je ne dépenserai pas un liard pour lui.

— Mais je ne sais que faire. Si personne ne veut m’aider, il va mourir !

— Sortez de cette pièce, a crié le maître, et que je n’entende plus jamais un mot à son sujet ! Personne ici ne s’inquiète de ce qui peut lui arriver. Si vous vous en souciez, faites la garde-malade ; sinon, enfermez-le et laissez-le tranquille.

Alors elle s’est mise à me tarabuster et je lui ai répondu que j’avais eu assez de tracas avec cet être insupportable. À chacune sa tâche : la sienne était de soigner Linton, et Mr Heathcliff m’avait prescrit de la lui laisser.

Comment se sont-ils arrangés ensemble ? c’est ce que je ne saurais dire. J’imagine qu’il s’est beaucoup tracassé, qu’il a gémi nuit et jour, et qu’elle a eu bien peu de repos : cela se voyait à sa pâleur et à ses yeux lourds. Elle venait parfois dans la cuisine, l’air tout égaré, et elle paraissait avoir envie de demander assistance. Mais je n’allais pas désobéir au maître ; je n’ose jamais lui désobéir, Mrs Dean. Bien qu’à mon avis on eût tort de ne pas envoyer chercher Kenneth, ce n’était pas mon affaire de donner des conseils ou de faire entendre des plaintes, et j’ai toujours refusé de m’en mêler. Une ou deux fois, après que nous étions allés