Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/433

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— Vous devriez vivre en bons termes, avec votre cousine, Mr Hareton, interrompis-je, puisqu’elle se repent de ses impertinences. Ce serait excellent pour vous ; sa compagnie ferait de vous un autre homme.

— Sa compagnie ! Quand elle me déteste et ne me juge pas digne de nettoyer ses souliers ! Non, quand je devrais y perdre un royaume, je ne voudrais pas me déshonorer en recommençant à quêter ses bonnes grâces !

— Ce n’est pas moi qui vous déteste, c’est vous qui me détestez ! dit en pleurant Catherine qui ne cherchait plus à cacher son émotion. Vous me haïssez autant que Mr Heathcliff me hait et même plus.

— Vous êtes une damnée menteuse ! Pourquoi, alors, l’ai-je mis en colère en prenant cent fois votre parti ? Et cela, quand vous vous moquiez de moi, que vous me méprisiez, et… Continuez à m’ennuyer, et je vais là-bas dire que vous m’avez rendu le séjour de la cuisine intenable.

— Je ne savais pas que vous aviez pris mon parti, répondit-elle en séchant ses larmes ; j’étais méchante et cruelle pour tout le monde. Mais maintenant je vous remercie et je vous demande de me pardonner : que puis-je faire de plus ?

Elle revint près du foyer et lui tendit franchement la main. Le visage de Hareton s’assombrit et se couvrit d’un nuage chargé d’orage ; il tenait les poings résolument fermés et le regard fixé sur le sol. Catherine dut deviner d’instinct que c’était une obstination perverse et non de l’animosité, qui lui dictait cette attitude farouche ; car, après être restée un instant indécise, elle se pencha et lui mit un léger baiser sur la joue. La petite coquine croyait que je ne l’avais pas vue ; elle recula et reprit sa place près de la fenêtre avec un air