Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/465

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verain tombant à ses pieds ne lui eût fait reconnaître en moi un personnage respectable.

Mon retour à Thrushcross Grange fut allongé par un détour que je fis dans la direction de l’église. Quand je fus sous ses murs, je m’aperçus que son délabrement avait fait des progrès sensibles en sept mois. Plusieurs fenêtres n’étaient plus que des trous noirs, béants, dépourvus de vitrage ; ça et là des ardoises faisaient saillie sur la ligne droite du toit, prêtes à être peu à peu emportées par les bourrasques de l’automne qui approchait.

Je cherchai et découvris bientôt les trois pierres tombales sur la pente près de la lande : celle du milieu, grise et à moitié ensevelie sous la bruyère ; celle d’Edgar Linton, ornée seulement de l’herbe et de la mousse qui croissaient à son pied ; celle de Heathcliff encore nue.

Je m’attardai autour de ces tombes, sous ce ciel si doux ; je regardais les papillons de nuit qui voltigeaient au milieu de la bruyère et des campanules, j’écoutais la brise légère qui agitait l’herbe, et je me demandais comment quelqu’un pouvait imaginer que ceux qui dormaient dans cette terre tranquille eussent un sommeil troublé.