Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/218

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pourquoi j’ai joué mon rôle avec tant de feu et dansé d’un si bon cœur. J’étais heureuse comme une reine. Il me voyait et m’admirait.

— Mais l’autre, l’autre ! où donc est-il ? Où donc est le bel Isidore ?

— Je n’ai pas dit qu’il fût beau.

— Il est donc laid ?

— Non, mais il n’est pas comparable à Alfred : il est trop grand, trop massif, et puis il a des favoris d’une si drôle de couleur, un rouge tirant sur l’orange. Vous savez qui, maintenant ?

— En vérité, non. Ne me faites pas mourir d’impatience ?

— Prenez garde, mesdemoiselles, vous êtes là en plein courant d’air ! nous dit soudain une voix bien connue.

— Merci de l’avis, docteur Jean, m’empressai-je de répondre, mais je ne sens aucun courant d’air ici. — Vous êtes d’une constitution robuste, reprit le docteur, et cela n’a pas le moindre inconvénient pour vous ; mais votre compagne, si délicate, ne devrait pas circuler ainsi sans être enveloppée d’un châle.

— Un châle ! comme s’il ne faisait pas assez étouffant déjà ! repartit miss Genevra.

— Vous vous serez échauffée en dansant, mademoiselle ; votre toilette est si légère, une fluxion de poitrine si vite attrapée !