Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

maudire. Pauvre Frank noble et fidèle ami ! Bien meilleur que moi, bien supérieur en toutes choses, tu m’aimais pourtant d’un amour qui n’avait rien de banal et qui me rehaussait à mes propres yeux en m’élevant jusqu’à toi. Quel crime avais-tu commis contre la Providence, pour être enlevé si jeune ? Qu’avais-je fait, moi-même, pour être condamnée à te survivre ! trente années de deuil, trente siècles ! Grand Dieu tes desseins sont impénétrables. Que ta volonté soit faite en toutes choses J’ai foi en ta bonté infinie, et je n’ai jamais été plus certaine qu’en ce moment de retrouver Frank dans un meilleur monde. C’était le jour de la naissance du Sauveur, le plus heureux des jours, le jour de Noël ! Je rétais parée pour attendre celui qui devait être bientôt mon époux. Je me vois encore aesise à la croisée, regardant de crépuscule plus lent à descendre qu’à l’ordinaire, car la campagne était : couverte de neige La lune se leva. Alors dans son plein, elle faisait ressortir les masses noires des arbres secoués par la bise, des pelouses argentées qui s’étendaient devant la maison Frank tardait bien à venir. Dix heures venaient de sonner ; mais il lui était déjà arrivé une ou deux fois d’être ainsi en retard. Manquerait-il de parole ? Oh ! non, le voilà ! Avec quelle rapidité il galope