Page:Bronte - Shirley et Agnes Grey.djvu/19

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— Sweeting ? lequel est-ce ? le monsieur au surtout chocolat, ou le petit ?

— Le petit, celui de Nunnely, le cavalier des misses Sykes ; il est amoureux de toutes les six. Ha ! ha !

— Il vaut mieux, il me semble, qu’il les aime toutes en général, que d’en aimer particulièrement une.

— Mais, en outre, il est particulièrement amoureux d’une aussi ; car lorsque Donne et moi le pressions de faire un choix dans le gracieux essaim, il a nommé… devinez qui ? »

Avec un calme et fin sourire, M. Moore répondit : « Dora, peut-être, ou Henriette ?

— Ha ! ha ! vous êtes un excellent devin. Mais qu’est-ce qui vous a fait désigner ces deux-là ?

— Parce qu’elles sont les plus grandes, les plus belles ; et Dora, au moins, est la plus vigoureuse ; et, comme votre ami M. Sweeting est petit et frêle, j’ai conclu que, selon la règle ordinaire en pareil cas, il avait préféré celle qui forme avec lui le plus frappant contraste.

— Vous avez raison, c’est Dora. Mais il n’a aucune chance ; qu’en dites-vous, monsieur Moore ?

— Que possède M. Sweeting, outre sa position de vicaire ? »

Cette question sembla réjouir étonnamment M. Malone ; il rit pendant trois minutes au moins avant d’y répondre.

« Ce que possède Sweeting ? Eh ! David a sa harpe, ou sa flûte, ce qui revient au même. Il a une espèce de montre en similor, un anneau, dito, un lorgnon, dito. Voilà ce qu’il a.

— Comment pourrait-il seulement fournir les robes de sa femme ?

— Ha ! ha ! excellent ! Je lui demanderai cela la première fois que je le verrai. Sans doute il pense que le vieux Christophe Sykes ferait grandement les choses. Il est riche, n’est-ce pas ? Ils habitent une vaste maison.

— Sykes a un commerce fort étendu.

— Donc, il doit être riche.

— Mais il doit savoir parfaitement à quoi employer ses richesses ; et, en ce temps, il songe sans doute autant à retirer son argent du commerce pour constituer des dots à ses filles, que moi à abattre mon petit cottage là-bas, et à construire sur ses ruines une maison aussi grande que Fieldhead.

— Savez-vous, Moore, ce que j’ai entendu l’autre jour ?

— Non ; peut-être que j’étais sur le point d’effectuer de sem-