CHAPITRE IV.
Le cottage de Hollow.
Moore avait conservé sa gaieté lorsqu’il se leva le lendemain matin. Sim et Joe Scott avaient passé la nuit à la fabrique.
Le maître, toujours matinal, fut debout plus tôt que d’habitude ; il éveilla son contre-maître par une chanson française, en procédant à sa toilette.
« Vous n’êtes donc pas découragé, maître ? dit Joe.
— Pas le moins du monde, mon garçon ; levez-vous, et nous irons faire un tour à la fabrique avant l’arrivée des ouvriers ; je vous expliquerai mes plans pour l’avenir. Nous aurons les machines, Joseph ; vous n’avez jamais entendu parler de Bruce, peut-être ?
— Et l’araignée ? Je la connais. J’ai lu l’histoire d’Écosse, et j’en connais là-dessus aussi long que vous. Vous voulez dire que vous persévérez dans votre dessein.
— Oui.
— Avez-vous quelque fortune personnelle dans votre pays ? demanda Joe, pliant et faisant disparaître son lit de circonstance.
— Dans mon pays ? Et quel est mon pays ?
— Eh bien, la France ! N’est-ce pas la France ?
— Non, certes ! La circonstance de la prise d’Anvers, où je suis né, ne m’a point rendu Français.
— La Hollande ? alors.
— Je ne suis pas un Hollandais. Voilà que vous confondez Anvers avec Amsterdam.
— La Flandre ?
— Je méprise l’insinuation, Joe. Moi, Flamand ! Ai-je donc le visage flamand, le nez grossier et proéminent, le front déprimé et fuyant en arrière, les yeux bleu pâle à fleur de tête ? Suis-je donc tout buste et sans jambes comme un Flamand ? Joe, je suis un Anversois ; ma mère était une Anversoise, quoique d’origine française ; c’est pourquoi je parle français.
— Mais votre père était né dans le Yorkshire, ce qui vous