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coups d’ailes


Car je suis à cet âge où notre âme est ravie ;
Où, scrutant l’horizon d’un oeil resplendissant,
Le jeune homme salue, avec amour, la vie,
Sans voir que sur sa route il est parfois du sang …

Oh ! je sais — et ce m’est une triste pensée —
Que demain mes vingt ans s’enfuiront à jamais !
Que ma chère jeunesse, hélas ! sera blessée,
Pour avoir cru trop vite au charme du succès.

Je n’éprouverai plus, dans le fond de mon âme,
Ce sentiment secret qui forme les soldats ;
Et je crains qu’en mon coeur ne s’éteigne la flamme
Qui lui fait souhaiter l’approche des combats.

Mais non, il ne faut pas que ma jeunesse meure,
Ni qu’une main brutale arrête mon essor !
Et je veux qu’en dépit du temps qui les effleure,
Mon esprit et mon bras soient vigoureux encor !