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le plus loin, soit celui de 951, le règne n’aurait encore que 36 ans ; mais on sait que ce comput a été fort peu suivi, nous en avons à peine trouvé trois exemples. C’est en vain que les membres du Cabinet des chartes, auxquels L. de Barive envoyait les copies qu’il recueillait dans les archives de Cluny, et qui les examinaient successivement, ont proposé de commencer le règne en 951, point de départ qui ne s’applique pas à toutes les années, comme nous venons de l’indiquer ; on les voit obligés de reculer successivement le point de départ en 950 et 948[1]. Car si l’an 950 convient pour la 36e année, en admettant qu’elle se rapporte à l’année 986, il ne convient plus pour la 38e année. C’est alors que Bréquigny, l’un des plus savants membres de ce comité, proposa pour point initial des années de Lothaire l’an 948[2]. « Cette époque, dit-il, convient fort pour cet événement, c’est l’année où Louis d’Outremer se rendit au concile d’Ingelheim avec Othon, roi de Germanie, et y porta ses plaintes contre Hugues le Grand. C’était une circonstance où, pour assurer à son fils une couronne qu’il avait bien de la peine à défendre, il devait se porter à le faire reconnaître pour roi. » Mais ce système ingénieux est bientôt renversé par l’annonce d’une charte de la 40e année de Lothaire, car pour trouver 40 ans de règne en 986, il faut nécessairement remonter jusqu’en 946. C’est ce que proposa un membre dont il a été question ci-dessus à propos de l’an 950[3]. « Il faut remarquer, dit-il, que la date de 946 fixerait l’association de ce prince au trône par le roi Louis d’Outremer, son père, à l’an 946, où Lothaire, né en 941, n’avait que 5 ans. Aurait-on reconnu pour roi en Bourgogne le jeune Lothaire, encore enfant, dans le temps que le roi Louis d’Outremer était tenu prisonnier par le comte Thibaut ? » L’auteur de cette note renvoie à la chronique de Frodoard. On y lit en effet que, en cette année 946, Louis était retenu en prison par Thibaud le Tricheur, comte de Chartres, et qu’il ne fut délivré et rétabli sur le trône par Hugues, duc de France, aidé de Hugues le Noir, fils de Richard, qu’en échange de la reddition du château de Laon que la reine Gerberge

  1. Ces renseignements sont tirés des notes jointes aux copies de L. de Barive, à la Bibliothèque nationale. Moreau, tome XIII, notamment fo 157.
  2. Bibl. nat. Moreau, chartes et diplômes, tome XIII, fo 151.
  3. Ibidem, t. XIII, p. 157. Nous n’avons pu découvrir encore le nom de l’auteur de cette note, qui est certainement un Bénédictin.