Page:Brumoy - Le Théâtre des Grecs (1763) - Tome 1.djvu/315

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ACTE III. 291

Œdipe

Il est vrai, & mes complaisances pour elle sont sans bornes.

Créon

Ne suis-je pas le premier du Royaume après elle & vous ?

Œdipe

Ah, perfide, & voilà ce qui rend ton infidélité plus noire.

Créon

Vous verrez, Seigneur, qu’il n’y en a point, si vous daignez m’écouter comme je vous ai écouté moi-même. Dans le choix du thrône, avec toutes les frayeurs dont il est environné, ou d’un rang égal à la Royauté avec un repos glorieux, pensez-vous, je vous prie, qu’il y ait à balancer ? • Quel est l’homme sensé qui ne choisira pas le dernier parti ? Telle est mon inclination & celle des sages. Né sans ambition, je préfé-


• Cette morale, & par conséquent la justification de Créon ne seroient pas reçues aujourd’hui. Mais le Sceptre n’étoit pas alors en Grèce ce qu’il est parmi nous Hippolyte parle de même dans la Phèdre d’EuRiPiDE. Voyez la Scène V. de l’Acte IV. Ces deux morceaux de différens Auteurs montrent évidemment que cette morale étoit alors celle des sages.

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