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VERS OU PROSE

pourrait exprimer l’au delà de la pensée, ouvrir au rêve les portes d’or de l’inconnu, du mystérieux et du sublime. En sœur aimable de la polka, elle se contente de nous réjouir l’œil, d’émouvoir nos sens, au lieu de nous élever l’âme, en fille auguste de Terpsichore. Elle ne devra sa renaissance qu’à la littérature et à la symphonie. Opposer dans une œuvre la pantomime à la parole, l’irréel au tangible, la féerie à la vie ; appliquer au ballet les principes fondamentaux du drame lyrique : suppression des morceaux détachés, développement à l’orchestre, ici souverain maître, de thèmes caractéristiques, de motifs essentiels ; faire de la danse un spectacle de beauté, de grandeur incomparables où toutes les passions mises en lutte se heurteraient dans la folie magnifique et terrifiante du geste, voilà, il me semble, un programme digne des hautes et libres aspirations de nos compositeurs.

Pour dire, d’un mot, toute ma pensée, je souhaite que de cette union naisse un art vraiment français, humain, vivant, clair, simple et bon. Nul autant que moi, je l’affirme, n’admire Richard Wagner, divin créateur qu’il faut glorifier et respecter. Eh bien, je le déclare, ceux qui l’imitent servilement, en l’utilisation dissimulée de ses légendes, le glorifient peut-être mais ne le