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LE DRAME LYRIQUE FRANÇAIS

à la mode, voilà ce que je ne saurais admettre, et mieux vaut mille fois « tomber avec grâce », comme l’a dit M. Reyer, en restant soi-même et en courant la chance de se relever avec gloire que de se tenir debout, tant bien que mal, immobile et prudent, et barrer ainsi la route aux idées en marche.

Car aussi vrai que le wagnérisme ne sera pas la barricade qui arrêtera l’art français dans sa course à l’honneur, il est malheureusement indiscutable que nombre de nos nouveaux musiciens, tant est vif chez les mieux doués le désir de l’immédiate réussite, aliènent aujourd’hui leur indépendance, oublient la fidélité qu’ils doivent à l’esprit de leur race, se dénationalisent et, pastichant l’œuvre germanique déjà ancien et point conforme aux exigences de nos âmes, ne sont ni de leur temps ni de leur pays. Déjà un très sérieux mouvement de réaction s’indique, auquel prennent part M. Gustave Charpentier et d’autres vaillants, mais le mal persiste qu’il faut combattre.

Pour ma part, — je ne parle de moi que contre mon gré, — admirateur fervent de Richard Wagner, je n’ai jamais cessé, dans mes œuvres et dans ma critique, de défendre la cause de l’art français. En composant le Rêve, l’Attaque du