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LES MAÎTRES CHANTEURS

de forêt vibrante et les parfums subtils de pépinière et de plate-bande nous grisent et nous ravissent.

Dès l’ouverture, maintes fois entendue à Paris et connue de tout le monde, les thèmes scholastiques des Maîtres sont opposés d’abord, puis mêlés aux tendres motifs d’amour. Nul n’ignore que la péroraison de cette merveilleuse symphonie est faite des chants principaux de l’ouvrage : qui, symbole de durable réconciliation, d’éternelle alliance, marchent ensemble avec un stupéfiant aplomb. Le rideau levé sur l’intérieur de l’église Sainte-Catherine, à Nuremberg, tandis que les fidèles clament les cantiques luthériens ; un jeune homme et une jeune fille se parlent du regard et du geste, et les violoncelles interprètent éloquemment leur pantomime. Walther, resté seul avec Eva, tandis que la nourrice Magdalène cherche dans les bancs l’écharpe et la broche de l’enfant maligne, l’interroge au plus bref. « Mademoiselle, êtes-vous fiancée ? » Et il sait ainsi qu’elle est promise, en effet, à celui qui : sera couronné le lendemain par la vieille corporation des Maîtres Chanteurs. Mais l’époux ne peut être choisi que par l’épouse. Qui donc alors obtiendra le prix ? « Vous ou personne ! » dit Eva avant de quitter l’église. « Lui, Maître d’em-