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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

par le compositeur, les librettistes, tirant du livre certains épisodes fameux, en arrangeant d’autres à leur façon, ne nous montrent, au moins dans les premières scènes, que l’extériorité, le pittoresque, si j’ose dire, du drame. Et ce drame, heureusement, est si humain, si vrai, si éternel et si universel, qu’il a emporté avec lui les trois auteurs et que, commencé en des conditions, à mon sens, très peu favorables à la musique, il s’est achevé, généralisé alors, élargi par la grande idée qui le traverse, dans l’émotion et, ce qui ne gâte rien, n’est-ce pas ? dans le succès.

On connaît la souplesse de M. Massenet à se transformer tout en restant lui-même. Nous croyions n’ignorer aucune des faces de son talent et nous nous trompions, car sa dernière partition, à la signature de laquelle on ne saurait se méprendre une minute, ne ressemble nullement à ses aînées. J’ai parlé du système vocal et instrumental choisi, cette fois, par le compositeur. D’une netteté parfaite, ne permettant nulle équivoque, il est appliqué avec une rigueur extraordinaire, une volonté étonnante. Le chant reste le souverain maître, l’unique dispensateur de l’effet cherché et trouvé, et l’orchestre, son humble et souvent trop pauvre esclave, l’accompagne, le soutient, sans jamais avoir un rôle prépondérant ou actif. Le quatuor à cordes, la