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LA VIE DE BOHÈME

celui-là dans sa délicieuse féerie de Hansel et Gretel, comme la plupart des Français de l’heure présente, heureusement restés Français dans leurs drames lyriques, les jeunes compositeurs italiens, avec beaucoup moins d’originalité individuelle, mais avec une force assez singulière, une insistance très supérieure, témoignent ardemment de leur nationalité, ce qui est, à mes yeux, un haut mérite. Pour les juger sans injustice, il faut, je crois, avoir le courage de faire abstraction des habitudes artistiques de notre race et les écouter en oubliant notre code théâtral et musical. Nous reconnaîtrons alors que certains d’entre eux ne sont pas négligeables, que leur métier, parfois si rudimentaire, suffit à leurs dons d’improvisation et que, disant vite et sans recherches de beau langage ce qu’ils ont à dire, ils s’approchent peut-être de la vérité, essayant au moins de l’exprimer selon leur tempérament, et, par cela même, allant droit à l’âme de tous les publics, la sincérité étant encore le plus sûr et aussi le plus ingénu moyen à employer pour être compris tôt ou tard de la foule.

Ainsi s’expliquent le succès presque universel de quelques œuvres italiennes modernes et l’accueil enthousiaste que l’on a fait chez nous à la Vie de bohème dont le livret et la partition possèdent au suprême degré les qualités natives que je viens