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LA VIE DE BOHÈME

femmes, c’est le dernier chant, et c’est la mort de la petite poitrinaire.

Italien, M. Giacomo Puccini l’est assurément dans ses motifs, dans ses harmonies, dans son orchestre. Sa partition est absolument italienne, j’y insiste, et cependant une influence s’y révèle presque à chacune de ses pages : celle de M. Massenet, du Massenet tendre de Manon, du Massenet élégiaque de Werther, comme si l’Italien avait voulu franciser ses façons pour donner à son ouvrage l’allure française nécessaire. Mais rien n’a pu empêcher le tempérament italien de reprendre le dessus, et de même que le livret de la Vie de bohème est de forme italienne par tout ce qu’il y a de sommaire en ses préparations, par son penchant au pittoresque, la musique est de forme italienne par l’agencement, la répétition de ses phrases, par son laisser aller qui, au demeurant, s’accorde très bien avec le caractère des personnages de la pièce. C’est donc un Italien parfaitement renseigné sur ce qui se passe chez nous (et ailleurs aussi) que M. Puccini, et nous sentons qu’il n’est resté indifférent à aucune phase de l’évolution lyrique. La leçon de Verdi a été entendue. Nous nous trouvons en présence d’une sorte de comédie chantée du genre de Falstaff écrite avec moins de fan-