Page:Bruneau - Musiques d’hier et de demain, 1900.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

cale lui appartiennent au même tilrc. Comment donc s’orienter dans un champ si vaste, si inculte ? En restant « éminemment français ».

À propos d’un récent ouvrage, wagnérien par le poème et la musique et, dès lors, de tendances non seulement anti françaises, mais encore retardataires, le wagnérisme appartenant déjà au passé, une expérience a été faite qui peut servir d’indication précieuse. Non sans solennité, on avait invoqué le jugement de la foule, de la vraie foule des lendemains de « premières », jugement qui fut assez défavorable pour que la manifestation avortât en quelques soirées et qui restera probablement sans appel, car si le public méconnaît souvent la valeur de certaines œuvres de progrès, d’originalité et de lutte, il n’est jamais dérouté, troublé dans ses habitudes par les autres. La leçon est bonne à retenir et à méditer. Aujourd’hui comme jadis, comme toujours, notre art est âprement combattu par l’art étranger, des manifestations duquel nous avons bien raison de nous enthousiasmer quand elles en valent la peine, mais qui ne doit point nous asservir, tuer en nous ce qu’il y a de personnel, de sain et de fort. Nous avons des qualités que nous sommes seuls à posséder et quand nous laissons parler librement, clairement, généreusement notre esprit et notre