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LA DAMNATION DE FAUST

hasardent encore à formuler de vagues critiques, reprochant à Berlioz ses goûts de littérateur et de descriptif, ne lui pardonnant pas surtout d’avoir élargi le domaine de notre art particulier en associant aussi intimement cet art aux autres arts.

Oserais-je dire que mon admiration pour Berlioz vient précisément de ce qu’il a parlé une langue très supérieure, selon moi, à celle dont un simple musicien aurait pu se servir. S’affranchissant de toute entrave comme il l’a fait, il était naturel qu’il cherchât des moyens nouveaux d’expression, qu’il les trouvât dans la poésie et la peinture. Que la pure musicalité de son œuvre en souffre quelque peu, je n’y prends pas garde, préférant un morceau d’art à un morceau de musique, heureux, d’ailleurs, de pouvoir oublier un instant la rudimentaire grammaire des sons.

Ah ! cette grammaire des sept notes, redoutable forteresse arbitrairement édifiée par les Boileau du contre-point ! Mais ses règles, essentiellement variables du reste, ne doivent servir qu’à guider les commençants et non à enchaîner l’inspiration du compositeur sûr de soi et sachant ce qu’il veut. Les lois de l’harmonie ne sont pas plus immuables que les lois de la poésie et un accord défendu peut être aussi bon qu’un