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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

cale de Gwendoline, comme nous le dit de suite un thème d’amour de grâce exquise, de vivacité extrême. Une courte et charmante symphonie accompagne la jeune fille qui vient au devant du voyageur.

Son cri heureux s’attriste en des accords d’infinie souffrance. Un mal horrible ronge Thanastô, sa mère, que seul pourrait guérir Apollon, dont le noble et superbe motif est aussitôt exposé. Mais l’orchestre étincelle et Hylas, magnifiquement, invoque Éros, dispensateur de toute sève, de toute lumière, de toute joie. Puisque, dans Corinthe, sa fiancée est fameuse pour ses richesses, il partira et rapportera l’or qui le doit faire l’égal de l’épouse. À la mélancolie de Briséis, redoutant les mauvaises îles en fête, Hylas répond par un serment d’éternelle fidélité. Car la mort n’éteint pas l’amour et les sommeils sont doux au fond des tombes nuptiales. Cependant la vie est bonne aussi ; les amants se le disent en de ravissantes strophes. Ils chantent : « Hymen ! hyménée ! » tandis que les marins appellent : « Hylas ! Hylas ! » Les deux voix unies répètent alors le serment et le clament dans une sorte d’enthousiasme frénétique. Le chœur des matelots résonne, ainsi qu’au début de l’acte, et les amants, de plus en plus éloignés l’un de l’autre, se jettent toujours le mot d’adieu :