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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

le constater et d’indiquer la place due à notre art, place des plus belles, qui sera conquise librement, noblement, sans aucun secours officiel ou intéressé, comme il convient, par la nécessité même des choses, par la force, la franchise, la clarté, la fierté de cet art, par tout ce qui le rend national, par la foi en lui que ne peuvent manquer d’avoir ceux qui, travaillant de leur cerveau, de leur âme, de leur être entier à sa gloire, en gardent un orgueil et une joie.

Ceci nettement posé, pour connaître le terrain de combat sur lequel nous sommes, pour déterminer notre orientation actuelle, une enquête, ouverte il y a quelque temps, nous servira. « Où allons-nous, en politique, en philosophie, etc., — avait-on demandé à l’élite de nos contemporains — et, en art, par exemple, une réaction de l’esprit français, bien français, ne se prépare-t-elle pas contre les peintures, les littératures, les musiques étrangères ? » L’unanimité des réponses fut que le préraphaélisme, l’ibsénisme et le wagnérisme touchaient chez nous à leur déclin.

De ces trois religions, la plus importante à coup sûr, celle qui a réuni les plus nombreux, les plus enthousiastes adeptes est le wagnérisme. Le culte se justifie non seulement par la prodi-