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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

pour le théâtre. Ah ! quel triomphe et quelle revanche ! Oui, oui, je le sais bien et je le crie à pleins poumons : Wagner fut un homme sans pareil et son œuvre, sur la plus haute colline des pays du rêve, s’érige, indestructible, gigantesque et stupéfiante cathédrale où résonnent, où résonneront éternellement les mystérieuses et divines orgues. Mais enfin, si grand que fût ce colosse, il n’a pas eu le privilège d’arrêter l’aiguille du temps et le XXe siècle, en dépit de tout, ne sera point son siècle ; si universelle que fût sa pensée écrite, par l’humanité profonde des sentiments qu’elle traduisit, elle n’en demeure pas moins d’expression purement, fermement, résolument, fièrement allemande. (Rappelez-vous l’une des dernières phrases du discours d’Hans Sachs, dans les Maîtres Chanteurs.) Et c’est en l’amour du sol natal que le prodigieux poète a trouvé son génie.

Par bonheur, — car on se fatigue des plus sublimes choses, toujours pareilles, — nos qualités de race sont diamétralement opposées à celles qui ont fait la force de l’œuvre victorieux et elles feront, à leur tour, la force de l’œuvre naissant. Je n’ai pas à les définir ; on les connaît ; elles se manifestent à chaque instant en nos livres, en nos sculptures, en nos tableaux, en nos opéras comme en nos symphonies. La me-