Page:Bruneau - Musiques d’hier et de demain, 1900.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
261
IPHIGÉNIE EN TAURIDE

librettistes n’eurent pas toujours chance égale dans leurs adaptations, L’Alceste de du Rollet sert de façon remarquable le compositeur, lui fournissant des tableaux superbes de majesté religieuse ou infernale, mettant en scène, sous une forme vivante, les événements racontés par les personnages de la pièce grecque. L’phigénie à Aulis, du même du Rollet, sans égards aussi bien pour Euripide que pour Ovide, substitue à la métamorphose finale un dénouement « heureux » qui est la chose la plus malheureuse que je connaisse et qui ne s’accorde ni avec la version d’Eschyle, de Sophocle, de Lucrèce, d’Horace ni avec l’opinion de Stesichorus, utilisée par Racine. L’lphigénie en Tauride, de Guillard, un peu moins irrespectueuse du texte original — je n’ignore point que celle de Gœthe n’en tient pas grand compte, — le modifie cependant de manière trop libre, à mon sens… Mais qu’importe, puisque Gluck en a fait un magnifique chef-d’œuvre, digne de l’éternelle admiration.

La fille d’Agamennon et de Clytemnestre, que son père, pour la cause d’Hélène et le salut des Grecs, crut sacrifier à Aulis, a été transportée dans la Tauride par Diane, dont elle est devenue la prêtresse. Guillard, on le voit, gardait le point de départ d’Euripide. Au milieu d’un prélude d’abord de calme idéal, puis de furibonde tem-