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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

monsieur Berlioz, des sentiments que vous m’avez gardés…

Il la quitta désolé et n’essaya plus de la rencontrer. Il lui adressa d’admirables pages auxquelles répondirent de nets refus de continuer la correspondance. Un jour, elle lui envoya son portrait et tout fut fini. La mort qui, en mer y sur le bateau où il naviguait, enleva le fils de Berlioz — il était officier de marine — ne tarda pas à prendre aussi le pauvre grand musicien désespéré. Une congestion cérébrale le coucha par terre et l’emporta.

Les Troyens ont sommeillé iongtemps. Berlioz disparu, l’Opéra ne les monta pas. Qu’importe ! Le bon Pasdeloup en exécuta, au Cirque d’hiver, de nombreux fragments ; M. Colonne, commençant en faveur du maître l’opiniâtre campagne que l’on sait, offrit au public de ses concerts, dès 1879, la Prise de Troie tout entière ; l’Opéra-Comique, sans luxe il est vrai, essaya, il y a quelques années, des Troyens à Carthage. Berlioz planant dans la gloire la plus haute et aussi la plus incontestée, l’Opéra ne monta pas son ouvrage — tant pis pour lui ! — et Tannhäuser eut une magnifique et juste revanche. Mais pendant qu’ici Richard Wagner triomphait, s’emparait de la scène d’où son rival avait été exclu,