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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

les mauvaises Troyennes qui s’apprêtent à se soumettre aux vainqueurs et, avec les autres, plus fières et plus courageuses, brandissant une lyre, elle chante l’hymne superbe d’héroïsme et de mort. Quand les Grecs envahissent le temple, toutes se tuent et tombent en criant : « Italie ! Italie ! »

Ici se termine l’ouvrage que l’on a joué. Ce n’est qu’un prologue, en quelque sorte, et, dès aujourd’hui, la mise à l’étude de la seconde partie des Troyens s’impose. Parlons franc et disons nettement que le public de l’Opéra a été désorienté par le poème et la musique de Berlioz. Certes, la scène muette d’Andromaque et d’Astyanax l’a ému comme jamais peut-être il ne l’avait été encore et après cette scène, incapable de contenir son enthousiasme, il a éclaté en longs applaudissements. Il faudrait, d’ailleurs, avoir une pierre sous la mamelle gauche pour ne pas se sentir bouleversé à une pareille minute. Mais la splendeur simple de l’œuvre est restée souvent incomprise. Je m’y attendais. Cette œuvre de noble indépendance, de profonde insouciance du succès et de l’effet est, je le répète, de forme absolument classique. Elle n’a aucune parenté, si ce n’est la parenté de la beauté, avec les drames de Richard Wagner. Respectueuse des traditions, elle se divise en