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GWENDOLINE

de tout à l’heure. Bientôt les flûtes esquissent une mélodie de grâce toute virginale, malicieuse et chaste à la fois, où se jouent gaiement deux ravissantes appoggiatures. C’est la phrase de Gwendoline et un bref dessin, désormais inséparable du « barbare aux cheveux roux », brutalement scandé par les intruments à cordes, ne tarde pas à s’y enlacer. Malgré les paroles rassurantes du vieil Armel, son père, Gwendoline a grand’peur… Elle a vu, en rêve, qu’un être sauvagement hideux l’emportait avec lui sur la mer. Et dans l’horreur de son récit, une grande pitié mélancolique se devine pour le triste rôdeur des grèves qui, loin des beaux vallons paisibles, n’a jamais d’amour, ni d’épouse.

Mais des cris éclatent : Ehéyo ! Ehéyo ! Et, dans une poussée d’épouvante, les Saxonnes et les Saxons fuient, poursuivis par les Danois. De loin, dominant le combat, leur chef, Harald, entonne le large chant de guerre et, vainqueur enfin, il ordonne à Armel, qui fièrement refuse, de lui livrer son or et ses moissons. D’un coup d’épée, il va punir le vieillard, lorsque Gwendoline se précipite entre les deux hommes. Les paupières écarquillées, Harald reste stupéfait et, tandis que, les yeux dans les yeux, le Sauvage et la Femme demeurent immobiles sous le regard de la foule, une longue et noble phrase