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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

de Gwendoline un « faire » théâtral, une forme poétique qui appartiennent bien en propre à M. Catulle Mendès et qui n’empruntent vraiment rien aux conceptions allemandes. Le premier acte, notamment, délicat et brutal et, chose rare, tout psychologique, est d’esprit parfaitement français.

D’autre part, la partition d’Emmanuel Chabrier n’est pas davantage assimilable aux œuvres du grand réformateur dramatique. Mélodiquement, harmoniquement, elle révèle à chacune de ses pages la personnalité de son auteur. Ce grupetto rapide et brisé qui est comme la signature de certaines phrases, ces appoggiatures et ces enchaînements d’accords familiers, ces brusques oppositions de sauvagerie et de douceur, cette outrance instrumentale et vocale dénotent au contraire une indépendance, une originalité peu communes.

Et puis, il ne faut pas oublier que Gwendoline est de création relativement ancienne. À l’heure où elle fut composée, l’Opéra demeurait obstinément fermé à Richard Wagner, dont le prodigieux génie, encore mal connu du public, exerçait sur les âmes hautes et fortes qui avaient tenté de le pénétrer une invincible fascination. Devons-nous donc reprocher à des artistes d’avoir bravement avoué leurs admirations et leurs